Développement financier et rigidité du système bancaire à Madagascar : que révèle le ratio crédit/dépôt ?

Abstract

Cet article modélise la dynamique du ratio crédit/dépôt comme indicateur clé de l’efficacité bancaire dans un contexte de sous-développement financier. En utilisant le modèle stochastique de Vasicek, l’étude estime la vitesse d’ajustement, la volatilité et la moyenne de long terme du ratio. Les résultats révèlent une lenteur d’ajustement structurelle, une transformation prudente des dépôts et une forte sensibilité aux chocs. Cette approche met en évidence les limites actuelles du système bancaire et la nécessité de réformes structurelles. L’étude combine une estimation économétrique par maximum de vraisemblance avec une simulation Monte Carlo.

Dans les pays à faible bancarisation comme Madagascar, où le marché des capitaux est quasi inexistant, le financement économique repose essentiellement sur les banques commerciales. Le ratio crédit/dépôt est alors un indicateur clé pour mesurer la capacité d’intermédiation financière, reflétant la profondeur du système, la confiance des agents économiques et la mobilisation de l’épargne intérieure (Beck,2000)[1].

Ce ratio est sensible aux chocs macroéconomiques et peut révéler des rigidités structu- relles ou des comportements prudents des institutions financières, notamment dans des systèmes bancaires étroits [3]. À Madagascar, ce ratio reste historiquement bas, illustrant une inclusion financière limitée, une vulnérabilité budgétaire et un accès restreint au crédit bancaire.

Sur le plan théorique, les modèles de diffusion stochastique, tels que le modèle de Vasicek (Vasicek,1997[4]), offrent un cadre pertinent pour étudier la dynamique de variables financières incertaines autour d’un équilibre. Initialement conçu pour les taux d’intérêt, ce modèle a été adapté à diverses mesures bancaires, dont la liquidité et les contraintes d’intermédiation (Brigo,2006[2]).

Cette étude applique ce cadre à l’analyse du ratio crédit/dépôt à Madagascar, ques- tionnant : "Le ratio crédit/dépôt traduit-il la rigidité structurelle du système bancaire malgache et son incapacité à soutenir le développement financier en contexte instable ?" Trois axes guident l’analyse : caractériser la dynamique empirique du ratio, estimer sa vitesse de retour à l’équilibre et sa volatilité, et interpréter économi- quement ces paramètres, notamment en lien avec la transformation bancaire et l’efficacité de l’intermédiation.

L’hypothèse est que la faiblesse persistante du ratio traduit une inertie due à une lenteur d’ajustement, une prudence excessive et une inefficacité structurelle, aggravées par l’instabilité institutionnelle et l’absence d’un environnement financier diversifié. Ainsi, ce ratio révèle les défis du sous-développement financier malgache et souligne la nécessité de réformes structurelles.

L’article s’organise ainsi : la section suivante détaille la méthodologie fondée sur le mo- dèle de Vasicek, la troisième section présente les résultats empiriques et leur interprétation, et la dernière partie conclut sur les implications structurelles et les pistes de réforme pour renforcer l’intermédiation financière à Madagascar.